« De l'amour de Dieu la Terre est pleine, et toute son oeuvre est vérité. »                                                                           
                                                                                                                                       (Ps 33 : 4-5)

« Amour et vérité avancent au-devant de toi, puissante est ta main. »                                                                
                                                                                                                                    (Ps 89 : 14-15)

« Il dressa les colonnes devant le saint des saints.
Il dressa la colonne de droite et lui donna pour nom : "Yakîn".
Il dressa la colonne de gauche et lui donna pour nom : "Boaz".
Ainsi fut achevée l'oeuvre des colonnes. »


                                                                                                                                  (1 R 4 : 21-22)

 

 
 



Les deux piliers du temple

     Le pur amour est l'essence Divine même, et il opère toutes choses par la divine sagesse.

(DP 337)

    Dieu dans son essence est l'amour même et la sagesse même. Le Divin amour et la Divine sagesse sont les deux choses qui procèdent du Divin.

(VRC 883, 191 ; A Conj 132 ; voir aussi DA 363)

    Toutes choses dans l'univers ont été créées par le Divin amour et la Divine sagesse, et toutes choses dans l'univers sont des réceptacles du Divin amour et de la Divine sagesse.

 (DA 54-55)

    La Divine essence, qui est créatrice, est l'amour et la sagesse, qui sont les deux essentiels de toutes les choses de la vie. Il résulte que l'univers et toutes les choses qu'il renferme, tant vivantes qu'inanimées, vivent d'après la chaleur et la lumière. A la chaleur correspond l'amour, et à la lumière correspond la sagesse.

(DA 29-33)

    L'amour est le feu de la vie et la sagesse est la lumière de la vie. Ils sont comme la chaleur et la lumière dans le monde naturel.

(AC 7625, 7082-7084)

    Du soleil du monde spirituel procède une chaleur qui, dans son essence, est l'amour, et une lumière qui, dans son essence, est la sagesse.

(VRC 39)

    Toutes choses dans l'univers, tant dans le ciel que dans le monde, se réfèrent au bien et au vrai, et à la conjonction de l'un et de l'autre, ainsi tout se réfère à l'amour et à la connaissance et à leur conjonction.

(Pensées et extraits, p 8)

    L'amour consiste à vouloir donner à l'autre tout ce qui nous est le plus précieux. Ressentir la joie d'autrui comme notre propre joie, c'est cela aimer.

(DA 47)

    La sagesse, c'est le désir d'être guidé par le Divin et non par "le moi". La vraie sagesse consiste à voir ce qui est bon pour notre vie spirituelle et à diriger notre vie d'après cette connaissance. C'est aussi la connaissance du chemin qui provient de l'expérience de l'avoir emprunté, et notre présence dans le chemin résulte de notre connaissance du chemin.

(AC 10210 ; AE 338 ; DP 60)

    L'amour n'a de pouvoir qu'au moyen de la sagesse. L'amour et la sagesse, sans actes ne sont que des concepts. Ils ne deviennent réels que lorsqu'on en fait usage.

(VRC 748 ; AP 875)

 

 

    L'amour et la sagesse signifient bien plus de choses pour Swedenborg que ce que l'on entend habituellement par ces mots. Ils sont, tout d'abord, les deux essentiels qui procèdent du Divin et donc son essence et sa nature même. Tous les êtres et toutes les choses, quels qu'ils soient, sont des réceptacles et des formes, infiniment divers, de ce mariage du feu et de la lumière Divins.

    Pour nous les hommes qui sommes avant tout des êtres de cœur et de raison, le feu créateur aime, et sa lumière éclaire et illumine. Le réceptacle de l'amour en nous, est ce que Swedenborg nomme "la volonté". En elle, selon la réception, se forme un amour dominant particulier, qui génère ensuite les nombreux affects et émotions qui nous animent sans cesse. Le réceptacle de la sagesse en nous est ce qu'il nomme "l'entendement". En lui, selon la nature des amours et des affects qui nous animent, se forment les idées, les images et les pensées. En dernier ressort, nos paroles et nos actes sont le fruit de l'union de ces deux forces, et des deux facultés qui leur correspondent en nous.

    Ces deux forces sont un peu le "yin et le yang" de Swedenborg, sauf que le yin et le yang sont l'expression de deux principes opposés. Les mots "Yin" et "Yang" désignent en effet la pente sud et la pente nord d'un toit ou d'un versant de montagne. Ils sont l'adret et l'ubac de la montagne, d'où leurs valeurs réciproques : d'un côté le lumineux, le chaud et le sec, de l'autre l'obscur, le froid et l'humide. Valeurs ensuite déclinées en : plein-brisé, fort-faible, émissif-réceptif, masculin-féminin, mais aussi centrifuge-centripète, flux-reflux, inspiration-expiration, montée-descente, etc.

    Comme avec le yin et le yang de la tradition Taoïste, tout être, toute chose est le fruit d'un mariage unique entre ces deux principes à la fois opposés et complémentaires. La comparaison s'arrête là. L'amour et la sagesse de Swedenborg ne sont pas, comme avec le yin et le yang, des polarités opposées. Pour Swedenborg, il s'agit de principes, symboliquement désignés par "la chaleur" et "la lumière", plutôt que par "le lumineux" et de "l'obscur" de la vision Taoïste. De plus ces deux forces prennent tout de suite chez Swedenborg une valeur psychologique et spirituelle. La chaleur du soleil intérieur est "Amour" et sa lumière "Sagesse", termes que l'on pourrait aussi traduire par "compassion" et "discernement", qui en sont plutôt des aspects.

   Le schéma traditionnel dont se rapprocherait peut-être le plus celui de Swedenborg est celui de "l'Arbre des Séphirots" de la Kabbale, tradition ésotérique du judaïsme médiéval. Les deux colonnes qui encadraient la porte du saint des saints dans le temple de Jérusalem, nommées : "Yakîn" et "Boaz", signifiaient "Miséricorde" et "Jugement", ou "Amour" et "Sagesse". Elles symbolisaient les deux axes gauche et droit de cet Arbre cosmique qui était en même temps l'expression de la structure Divine, de celle de l'Univers et de l'Homme primordial, de "l'Adam Kadmon". C'est exactement la fonction que remplira la vision, chez Swedenborg, de "l'Homo Maximus", du "Grand Homme", que nous aurons l'occasion de développer plus loin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    Période néo-assyrienne, IXe siècle avant J.-C. La Bible empruntera de nombreux motifs mythologiques à la culture assyro-babylonienne.

 

 
    Il est très probable que Swedenborg ait été influencé par certains enseignements de la Kabbale. Enseignements dont il était bien au courant, ne serait-ce qu'à travers son oncle Erik Benzélius qui y avait dédié une étude. Son approche et sa vision se démarquent néanmoins nettement de l'aspect magico-religieux et du langage ésotérique de cette tradition typiquement médiévale. Swedenborg est un enfant du Siècle des Lumières, il parle le langage de la raison et il y a chez lui ni enseignement secret, ni transmission initiatique, ni pratiques magico-religieuses, comme il en était avec la Kabbale. Pour lui il s'agissait plutôt d'ouvrir cette connaissance à tous, et d'une façon aussi intelligible que possible.

    En dehors de ces éléments d'influences probables et d'un enracinement commun dans la Bible, il est certain que les Kabbalistes comme Swedenborg ont, chacun à leur façon, tenté d'appréhender et de décrire une même réalité transcendante.

    Voici un petit schéma qui résume la façon dont Swedenborg décline ces deux principes fondamentaux à travers leurs trois niveaux d'existence différents.

 

 

Le Divin


Le "Ciel"
Les Mondes Angéliques

L'Âme
(anima ou pneuma)
L'homme interne
ou spirituel
Le soleil spirituel
Feu
Lumière
Amour
Sagesse


Le Monde des Esprits

L'Esprit
(animus ou mens)
L'homme externe
ou naturel
Bien
Vrai
Volonté
Entendement
Le cœur
Le mental
Les sentiments
Les pensées
Le Monde Naturel

Le Corps
La Matière
La fonction cardiaque
La fonction respiratoire
Les actes
Les paroles

 

 

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